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La Nouvelle-Zélande

Situation économique de la Nouvelle-Zélande en 1898

Situation économique de la Nouvelle-Zélande en 1898

Navigation

Durant l’année dernière, il est entré dans les différents ports de la colonie 600 bâtiments, représentant un tonnage global de 686899 tonnes, et il en est parti 587 s’élevant ensemble à 673333 tonnes. Comparé à l’exercice précédent, celui-ci présente à l’entrée une augmentation de 11 bâtiments et 72802 tonnes, et, à la sortie, 5 de moins en nombre, mais cependant 47674 tonnes en plus.

On comptait dans la première catégorie:

133 anglais avec 276020 tonneaux, 395 coloniaux avec 340793 tonneaux et 72 étrangers jaugeant 70086 tonneaux; dans la seconde: 140 britanniques d’une capacité totale de 280229 tonneaux, 378 coloniaux cubant ensemble 327078 tonneaux, enfin, 69 étrangers dont la jauge est évaluée à 68036 tonnes. Sur le chiffre des arrivées, il y avait 275 voiliers d’un tonnage page 210de 140303 tonneaux, les bâtiments à vapeur étant au nombre de 325 représentant 546596 tonnes.

Au départ, l’on a enregistré 267 voiliers avec 136254 tonnes et 320 steamers avec 539079 tonneaux.

Ces chiffres ne comprennent que la navigation entre la colonie et les autres pays. Le service postal de port à port est très important dans un pays aussi étendu que la Nouvelle-Zélande, où les routes dans l’intérieur ne présentent qu’un réseau incomplet, et dont les nombreux et excellents ports permettent de n’employer, que dans la mesure strictement indispensable pour le trafic avec les centres éloignés de la mer, la voie ferrée toujours coûteuse. Plus de 20000 arrivées et départs de tout tonnage ont été ainsi enregistrés dans la colonie. On a compté 4522 entrées de voiliers et 15746 de vapeurs, avec une capacité respective de 294296 tonneaux et 5168977 tonneaux, tandis que les sorties se chiffraient par 4472 dans la première catégorie avec 296094 tonneaux, et par 15606 dans la seconde, avec une jauge de 5150055 tonneaux.

Le nombre des bâtiments ayant leur port d’attache dans la colonie était, à la fin de l’année dernière, de 506, dont 318 voiliers et 188 vapeurs se répartissant ainsi:

Voiliers Vapeurs
Auckland 176 71
Wellington 24 23
Dunedin 49 63
Lyttelton 31 8
Invercargill 20 3
Nelson 11 10
Napier 7 10
     Total 318 188

Plus de la moitié des voiliers et plus d’un tiers des vapeurs néo-zélandais appartiennent au port d’Auckland. Le trafic entre la colonie et les îles du Pacifique, qui se fait à peu près exclusivement par ce port, en est la cause.

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Black and white photograph of servants and horses on a New Zealand farming station.

Une Station en Nouvelle-Zélande. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

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Depuis deux ans, le pavillon français a été vu une fois en Nouvelle-Zélande à la corne d’un bâtiment de guerre de l’ancienne division du Pacifique. Quant au 72 bâtiments marchands qui ont fait des opérations dans le pays, pas un seul, j’ai le regret de le constater, ne portait nos couleurs. Et pourtant il y aurait du trafic. Étant donné le fret d’aller et de retour que les bâtiments français pourraient avoir pour la Nouvelle-Zélande, les primes importantes à la navigation auxquelles ils auraient droit, en raison du grand nombre de milles marins à parcourir, il me semble que certains de nos armateurs ou quelques-unes de nos compagnies de navigation pourraient, sans danger, tenter un ou deux voyages d’essai. Il serait bien à désirer que la Compagnie des Messagerie maritimes, qui dessert mensuellement les grands ports d’Australie, pût, comme je l’ai demandé à plusieurs reprises, arriver à une combinaison qui lui permettrait de toucher à un port néo-zélandais, à tout le moins au moyen d’un vapeur annexe qui relierait cette colonie, d’une part, à notre grande ligne française, et, d’autre part, la mettrait en communication directe et rapide avec nos établissements du Pacifique. Tout le trafic de Tahiti, en effet, profite actuellement à la compagnie locale de l’ « Union steamship », dont le service est très insuffisant par suite de l’absence de concurrents.

Lignes Ferrées

Bien que les chemins de fer ne rentrent qu’indirectement dans le cadre de ce travail, consacré surtout au commerce extérieur de la colonie, ils s’y rattachent, néanmoins, comme moyen de transport entre la mer et l’intérieur. Il paraît donc utile d’indiquer, qu’au 31 mars 1898, il y avait 2055 milles anglais de voies ferrées ouverts au trafic. Sur ces lignes ont été transportés près de 5 millions de voyageurs, 2600000 tonnes de marchandises, 54000 bêtes à cornes ouchevaux et 2400000 moutons.

L’Etat, propriétaire des lignes, a perçu, de ces différents chefs page 214de recettes, prèsde 1400000 livres sterling (38 millions de francs), et il a dépensé pour entretien des lignes, matériel, salaires, etc., 850000 liv. st. (plus de 21 millions de francs). Les dépenses se sont élevées à 62 pour 100 des recettes encaissées, soit, pour un revenu par mille de 673 liv. st. 9. 1 et une dépense de 419 liv. st., 10. 7, un revenu net de 253 liv. st. 18. 6 par mille, donnant un bénéfice net total de 518000 liv. st., plus de 13 millions de francs.

Agriculture

Les produits agricoles entrent pour une si large part dans le commerced’ exportation de la Nouvelle-Zélande que, sans donner ici des détails qui conviendraient plutôt à un travail sur l’agriculture, tout rapport sur la situation économique de la colonie serait incomplet, si l’on n’indiquait, sommairement au moins, l’état de cette branche du commerce extérieur dont l’accroissment devient chaque année une source de prospérité plus grande pour le pays. La récolte dernière, très bonne dans certaines parties, n’a été cependant que bonne pour tout le pays à cause des inondations sur quelques points et de la sécheresse sur d’autres. Il y avait 280000 acres ensemencés en blé qui ont produit en moyenne 23 bushels à l’acre (l’acre vaut 41 ares). Les prix ont varié de 3 shillings 6 pence à 4 shillings 3 pence pour les bons blés. Les avoines récoltées seulement dans l’île du Milieu ont été abondantes et de bonne qualité. Elles sont presque toutes consommées dans la colonie. De même les racines. Les pommes de terres, qui réussissent très bien, donnant jusqu’à 10 et 12 tonnes à l’acre, sont seules exportées. D’importantes commandes ont été faites cette année pour les troupes américaines qui occupent les Philippines. On a tenté la culture de la betterave sucrière, mais l’industrie du sucre, bien que le climat se prête à la culture de toutes les racines, ne semble pas appelée à réussir en raison du prix de la main-d’œuvre. C’est, d’ailleurs, ainsi qu’il est dit dans une autre partie de ce travail, la pierre d’achoppement de toutes les industries à fonder en ce page 215
Black and white photograph of a river crossing, New Zealand, c.1904.

Ouvriers Syndiqués Lavant de la Laine. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

page 216 page 217pays. Néanmoins les partisans de la culture de la betterave ne désespèrent pas de l’y implanter, encouragés qu’ils sont par l’exemple donné depuis deux ans par la colonie australienne de Victoria. 50000 liv. st. ont été avancées par le Gouvernement de Melbourne; l’initiative privée en a recueilli 25000, et, avec ce capital, on a commencé la culture et bâti une usine qui occupe déjà 200 ouvriers; 400 tonnes de sucre de bonne qualité, paraît-il ont été vendues dès la première année, à des prix suffisamment rémunérateurs.

D’une façon générale, la production agricole parait devoir augmenter beaucoup. Les agriculteurs instruits se sont avisés que si, des années et des années durant, le sol vierge a donné de belles récoltes à la suite d’un ensemencement précédé d’un simple labour et hersage, il commence pourtant à présenter des signes de fatigue, et que la prévoyance commande de lui restituer un peu de l’azote que chaque récolte lui enlève. Depuis que l’industrie des viandes gelées a pris des proportions considérables, on utilise tous les déchets des animaux dont la carcasse est destinée à la congélation. Traités avec des phosphates ou des nitrates, ces résidus forment des engrais d’excellente qualité. Il ne saurait être question encore de graisser régulièrement, comme en Europe, les terrains préparés pour le blé, mais on commence à le faire par petites étendues, et le résultat en est fort bon. L’emploi général de toutes sortes de machines perfectionnées permet à un ouvrier de ferme ordinaire d’accomplir le travail de deux hommes dans nos pays, ce qui atténue le coût de la main-d’œuvre. Dans les grandes exploitations, le labourage à vapeur tend de plus en plus à se généraliser, il produit un travail rapide et appréciable, surtout dans les défrichements.

Nous avons dit au chapitre de l’exportation quel chiffre considérable représentaient les produits des animaux; il est donc intéressant de mentionner succinctement, ici, le stock d’animaux dont le nombre s’accroît chaque année. On comptait, en 1898, en Nouvelle-Zélande, 1219000 bêtes à cornes (71000 de page 218plus qu’en 1897) et 22 millions de moutons. Beaucoup de ces animaux sont d’excellents types. La plupart des races ovines (mérinos, Leicester, Lincoln et croisement de ces races) sont remarquables comme viande et comme toisons; certains animaux donnent jusqu’à 25 et 30 livres de laine par an. Cette production devient si importante que la tonte à la machine à vapeur est d’un usage fréquent dans les grandes fermes où l’on a de 50 à 100000 moutons à raser par saison. Il existe, sur tous les points de la colonie, des comices agricoles du plus haut intérêt où sont distribués des prix importants. Certains, tant par le nombre que par le choix des animaux exposés, ne le cèdent en rien aux concours des premières régions agricoles de France et d’Angleterre. Toutes les autres branches de l’agriculture sont en voie de prospérité: il en est une dont je me propose de faire le sujet d’un rapport spécial, c’est la viticulture. Importée par des religieux français dans l’île du Nord, la vigne s’est répandue sur divers points. On commence à faire du vin en Nouvelle-Zélande, et il pourrait y avoir pour la viticulture et la fabrication un certain avenir, en raison de la difficulté de faire venir des vins étrangers soumis aux droits prohibitifs exposés dans la première partie de mon rapport.

L’industrie des beurres et fromages, très encouragée par le Gouvernement, est aussi en excellente voiede progrès, et l’exportation de ces produits paraît devoir décupler en quelques années, si l’on se base sur les résultats obtenus jusqu’à ce jour.

Industrie

Il existait, l’an dernier, en Nouvelle-Zélande, 2459 manufactures et fabriques employant 27389 ouvriers, dont 4403 femmes. Ces industries (terrains, bâtiments et machines compris) représentaient un capital de près de 6 millions de livres (150 millions de francs). Les matières premières y employées étaient estimées environ 80 millions, et la valeur des produits manufacturés dans ces établissements pouvait représenter à peu près 240 millions page 219
Black and white photograph of milk powder in barrels.

Une laiterie en Nouvelle-Zélande. — d’après une photographie.

de francs. Les salaires payés au 27000 ouvriers des deux sexes cités plus haut se sont élevés à 2 millions de livres sterling, soit un peu plus de 50 millions de francs; ce qui donne pour l’ensemble de tous les salaires ouvriers une moyenne de 40 francs pour les hommes et 15 francs pour les femmes par semaine. La journée étant strictement de huit heures, ceci donne une moyenne à l’heure de 0 fr. 85 aux premiers et 0 fr. 32 aux secondes.

Sur ces 2459 manufactures, 40 pour 100 se trouvent dans les provinces d’Auckland (573) et Otago (516), 32 pour 100 dans celles de Canterbury (448) et Wellington (396). Le reste est réparti entre les provinces de Taranaki, Malborough, Nelson et Westland.

Les établissements dont le nombre est le plus considérable sont les scieries mécaniques avec les fabriques de portes et châssis de fenêtres (299). Viennent ensuite les tanneries, peausseries et blanchisseries de laine (177), les fabriques de beurre et page 220fromages (170), les imprimeries et typographies (154), les fabriques d’eau gazeuse (132), les établissements de carrosserie, charronnage et peinture en voitures (116), les manufactures de vêtements et chaussures (92).

De tous les établissements industriels de la colonie, ceux dont sort la plus grande somme de produits sont les usines de viande congelée qui, avec 30 établissements, ont produit pour plus de 40 millions, soit le sixième de la production industrielle totale du pays. Les tanneries, peausseries et blanchisseries de laine ont donné presque autant (30 millions de francs), mais avec 177 usines. Presque le tiers (70 millions sur 240) de la valeur des produits d’usines et des fabriques provient donc de la viande et de la dépouille des animaux, et cette proportion augmentera suivant toute vraisemblance. On comprend, en présence de ce fait, les encouragements donnés à l’élevage et les précautions vigilantes dont le Gouvernement fait preuve sans cesse vis-à-vis des éleveurs, en maintenant des quarantaines sévères qui empêchent l’introduction des épizooties par lesquelles serait vite tarie l’une des plus précieuses sources de la richesse locale.

Les propriétaires d’animaux et les industriels néo-zélandais nourrissent le vif désir de pouvoir, un jour ou l’autre, écouler leurs viandes gelées sur d’autres pays d’Europe que l’Angleterre. Le marché français, en particulier, les attire. Que de do léances n’ai-je pas entendues sur les mesures qui interdisent l’entrée de notre territoire aux carcasses de moutons privées de têtes et fressures? Malgré les grandes dépenses que néces siterait un pareil changement dans une partie de leur production, les grands usiniers se résoudraient bien à cette adjonction s’ils croyaient pouvoir écouler leurs produits dans notre pays, mais ils se rendent compte que la masse des consommateurs, en France, serait plutôt réfractaire à l’usage de la viande congelée (excellente pourtant). Ils savent aussi que ce nouvel élément de baisse provoquerait un toile général parmi nos agriculteurs qui ont tant de peine à continuer l’élevage, malgré les tarifs protecteurs.

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Mais si la viande gelée ne paraît devoir convenir, à aucun égard, dans la métropole, l’on se demande si certaines de nos colonies, où le ravitaillement en viande fraîche est difficile, où les animaux de boucherie sont généralement maigres et de médiocre qualité, n’auraient pas avantage à tenter l’expérience. La viande congelée, par les procédés actuels, est aussi saine, aussi nourrissante et, à peu de chose près, aussi savoureuse que la viande fraîche de première qualité. Elle est certainement supérieure à celle dite, en France, de deuxième qualité, en tout cas fort au-dessus des meilleures conserves. Pourquoi, dans nos possessions indo-chinoises en particulier, où le mouton est une véritable viande de luxe, que l’on fait venir à grands frais des colonies anglaises voisines, n’essaierait-on pas d’un ou deux chargements dont la vente plus ou moins rapide permettrait de juger si cette innovation serait ou non accueillie avec faveur. L’affrètement d’un steamer ad hoc pour Saigon ou Haïphong ne serait pas excessif. Un établissement provisoire permettant de conserver la viande serait établi, sans grands frais au port de débarquement. Il y a là, semble-t-il, une idée qui méritait d’être signalée.

Les salaires payés aux ouvriers des usines de congélation se montent à une somme annuelle de près de 5 millions de francs, le dixième par conséquent de l’ensemble des salaires versés par les diverses usines et manufactures de la colonie.

La brasserie est une industrie assez importante en NouvelleZélande: on y compte 85 établissements employant 465 ouvriers dont les salaires représentent 1 million 1/2 de francs et qui produisent, chaque année, 230000 hectolitres de bière, valant à peu près 8 millions de francs, soit 34 francs l’hectolitre.

Le vin est une industrie naissante qui remonte à une douzaine d’années au plus; on en a récolté, l’an dernier, 600 hectolitres, les 2/3 dans l’île du Nord, dont le climat convient le mieux à la culture de la vigne. Si cette industrie, malgré la faible production actuelle, est mentionnée ici, c’est en raison de l’importance qu’elle paraît devoir prendre plus tard, et surtout pour attirer page 222l’attention des viticulteurs français susceptibles de tenter l’expérience. La culture de la vigne et la production du vin dans ce pays feront, d’ailleurs, comme il a été dit. déjà, l’objet d’un rapport spécial.

Les scieries mécaniques et fabriques de châssis pour portes et fenêtres, dont les établissements sont les plus nombreux, occupent plus de 4000 ouvriers, le septième de la population manufacturière de la colonie. Les ouvriers du bois touchent 8 millions de francs par an, presque le sixième de l’ensemble des salaires; leur productions s’évalue à 20 millions de francs, soit le douzième de toutes les industries néo-zélandaises.

On compte dans les fonderies 1320 ouvriers qui gagnent 2500000 francs. Les objets fabriqués et réparés par eux sont estimés 6 millions.

Les imprimeries et établissements typographiques occupent 2400 ouvriers dont 228 femmes. Les salaires des typographes sont de 5500000 francs. Les ouvrages sortis de leurs presses valent 10000000 de francs.

Dans la carrosserie on compte 800 ouvriers touchant 1 million 400000 francs de salaires et produisant pour 4 millions.

Les peausseries et tanneries donnent de l’ouvrage à plus de 1600 personnes auxquelles reviennent 3 millions de paie annuelle, et dont la prodnction peut être évaluée à 30 millions.

Neuf manufactures de laine occupent 1400 ouvriers dont 400 enfants; il leur est versé annuellement 1500000 francs, et l’on estime la laine manufacturée dans ces usines à 7 millions 1/2.

Les fabriques de chaussures comptent 1900 employés des deux sexes, qui gagnent plus de 3 millions et livrent à la vente pour 8 millions de marchandises, chaque année.

Il y a enfin 168 usines où l’on broie le quartz extrait des mines d’or, contre 135, il y a huit ans. Près de 3000 ouvriers y travaillent constamment. L’or et l’argent ainsi obtenus représentent une valeur moyenne annuelle de 12 à 14 millions; l’outillage de ces usines est estimé 9 millions.

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Black and white photograph of gum diggers, c.1904.

Chercheurs de Gomme Grattant le Produit de Leur Becolte. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

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Par tout ce qui précède, on voit que la Nouvelle-Zélande est une colonie riche et en marche vers une prospérité toujours croissante, surtout du côté de l’agriculture et de l’élevage. Quant à l’industrie, à part celle consacrée aux produits des animaux, elle est loin d’avoir atteint le développement auquel on pourrait s’attendre. Nous avons mentionné plus haut les causes qui arrêtent son essor. Il faut y ajouter les entraves apportées à l’immigration. Si, au lieu de 700000 habitants, la colonie en comptait 3 ou 4 millions, la production des manufactures augmenterait dans des proportions considérables, non seulement en raison du plus grand nombre de consommateurs, mais aussi à cause des salaires dont la légère baisse progressive encouragerait la création de nouvelles fabriques. Mais les associations ouvrières, maîtresses des votes et, par conséquent, de la politique, ne veulent entendre parler de rien de semblable. Elles font croire aux ouvriers néo-zélandais que tout serait perdu pour eux si les travailleurs d’autres pays étaient admis librement. On l’a bien vu, au mois de janvier passé, par les mesures prises contre les Autrichiens.

L’activité de cette branche paraît donc devoir rester stationnaire.

Commerce Avec La France

Je suis surpris, alors qu’il se fait tant d’affaires avec notre pays sur les laines d’Australie, qu’aucun manufacturier ou producteur français ne songe à faire venir des laines de NouvelleZélande. De même, le phormium tenax ou chanvre indigène pourrait être utilisé dans une bien plus large mesure par les fabricants de cordages. Un de nos compatriotes, propriétaire de deux usines d’apprêt de cette fibre textile, en envoie quelque peu en France et pourrait satisfaire des demandes plus nombreuses. La gomme de Kauri, semble-t-il, trouverait aussi quelques applications dans l’industrie française. Je ne pourrais page 226qu’engager nos industriels, désireux d’entrer en rapport direct avec la colonie pour ces articles, à s’adresser au consulat qui leur indiquerait une ou deux maisons sérieuses avec lesquelles traiter.

Quant aux importations d’articles français en NouvelleZélande, le commerce n’est pas aussi important qu’il devrait l’être. Cela tient à plusieurs causes: au peu de connaissance, d’abord, que l’on a chez nous du marché néo-zélandais.

L’habitude prise par la plupart des maisons du pays de faire venir des articles français par l’entremise de leurs agents à Londres, et aussi les tarifs douaniers rendent également très difficile la vente, des objets dont le prix de revient est déjà élevé en France. Nos commerçants pourraient remédier au premier de ces inconvénients soit directement, soit en écrivant au consulat par l’entremise de l’Office national du Commerce extérieur, dont l’utilité s’affirme de jour en jour; il leur sera répondu, promptement, avec des informatiens aussi complètes que possible.

Ce serait, d’ailleurs, une erreur de croire que la NouvelleZélande est un marché ouvert à la production française. Au contraire, les articles qu’on peut, actuellement du moins, y placer avec avantage sont en petit nombre, mais les maisons, qui trouvent moyen d’acheter nos produits dans des conditions leur permettant de réaliser un bénéfice marqué dans la revente à la clientèle locale, se montrent généralement satisfaites de l’expérience et disposées à la tenter à nouveau sur une plus large échelle.

Déterminer, a priori, quels articles peuvent ou non se placer ici est assez difficile. Le mieux pour ceux de nos nationaux qui désirent faire des affaires avec la colonie est, comme nous le disions tout à l’heure, d’écrire au consulat. Si leurs produits n’ont aucune chance d’y trouver un débouché, on les en informera de suite et ils en seront quittes pour une lettre et un timbre. Si, au contraire, il y a possibilité de succès, il leur sera indiqué la meilleure voie à suivre pour obtenir un résultat, soit page 227
Black and white photograph of gum diggers at work, c.1904.

Recharche de la Gomme de Kauri. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

page 228 page 229en leur faisant connaître des acheteurs directs, soit en leur donnant le nom de quelque représentant sérieux et honnête en mesure d’écouler leurs marchandises.

Le mieux serait, évidemment, que les maisons assez importantes pussent envoyer, de temps à autre, tous les deux ou trois ans par exemple, des voyageurs qui visiteraient les principaux centres de commerce de la colonie. Ces envoyés devraient être, cela va sans dire, actifs et intelligents; ils devraient, surtout et avant tout, posséder parfaitement l’anglais. Sans cette connaissance de la langue ils ne feraient que perdre leur temps et l’argent des maisons représentées. II faudrait, aussi, qu’ils fussent pourvus d’échantillons en grand nombre et ne craignissent pas d’être très larges sur tous rapports. C’est l’habitude de ce pays où l’on sème beaucoup, mais dans le but de récolter énormément, et ce but est très souvent atteint.

Les principaux articles français qui, jusqu’à présent, paraissent s’écouler assez facilement en Nouvelle-Zélande sont: les articles de Paris, les cuirs en tout genre, principalement pour reliure et chaussures, les articles de mode (chapeaux de dames, robes, tissus), les gants, les vins et les cognacs (de préférence ceux à bon marché), les instruments de précision et de chirurgie, les machines concernant l’éclairage électrique, les porcelaines et cristaux, les encres (ordinaires, d’imprimerie et de lithographie), les essences de toilette, les tissus de Roubaix, les toiles pour peintres, couleurs et pinceaux, pastels, etc., etc.

Cette énumération, du reste, n’a rien de limitatif, et je crois que bon nombre d’autres articles y trouveraient aussi facilement preneurs.

Mais je le repète en terminant: s’attacher moins à la qualité qu’au prix de revient modéré, avoir, si l’on peut, des employés capables de correspondre en anglais (comme la plupart des maisons allemandes qui exportent en Australasie), ne point craindre de faire les choses largement, voici les principaux éléments de succès.

II faut, en outre, recourir sur une large échelle à la publicité page 230— les petits commerçants d’ici en font, et les grandes maisons y consacrent chaque année des sommes importantes — envoyer tous les catalogues en « anglais », avec le prix en « monnaie anglaise », mieux encore se faire représenter dans les conditions indiquées ci-dessus. On pourra, ainsi, surmonter en partie la difficulté et placer certains produits, en dépit du bas prix des articles similaires (inférieurs du reste) de Londres. Ce sont là les seuls moyens de trouver de nouveaux débouchés à nos produits sur un marché qui, en raison de la langue, des traditions commerciales et, surtout de la routine, l’obstacle le plus difficile à vaincre, a pris l’habitude de recevoir, par l’intermédiaire d’agents anglais, les articles de France dont il pourrait s’approvisionner directement chez nous, à l’avantage réciproque des commerçants néo-zélandais et des producteurs français.

Le Phormium Tenax ou Chanvre de Nouvelle-Zélande

A plusieurs reprises depuis quelques mois, des renseignements sur le phormium tenax et des échantillons de cette fibre ayant été demandés au Consulat, il m’a paru utile de résumer en une note certaines informations susceptibles d’intéresser nos commerçants.

Le phormium tenax ou chanvre de Nouvelle-Zélande (New Zealand Hemp) croît un peu partout dans la colonie, mais pousse particulièrement bien dans certains terrains marécageux, pas trop mouillés cependant; il donne les plus beaux plants dans les marais où a été pratiqué un bon drainage. Entretenir les terrains où il croît dans un état constant d’humidité, tout en évitant l’abondance d’eau, c’est l’essentiel pour obtenir des coupes abondantes et une repousse régulière. Là se bornent tous les soins à donner à cette fibre, car, à la différence de la manille avec laquelle elle offre par ailleurs une grande analogie, la culture semble l’atrophier, et tous les essais tentés dans cet ordre d’idées n’ont jamais donné des plants aussi vigoureux et fournis qu’à l’état sauvage.

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De temps immémorial, le chanvre de Nouvelle-Zélande a été utilisé par les Maoris qui en confectionnent des cordes, des manteaux et ces nattes enserrées autour de la taille qui constituaient, alors, leur principal vêtement. Ne connaissant pas les instruments de fer avant l’arrivée des Européens, ils décortiquaient la fibre au moyen de pierres pointues, avant de la sécher au soleil. On conçoit qu’un système aussi primitif ne permettrait pas l’exploitation de ce textile sur une grande échelle; aussi, les premiers colons se préoccupèrent-ils de le traiter par un procédé moins rudimentaire. Voici environ trente ans qu’on la décortique mécaniquement. Les machines employées jusqu’à ce jour ne sont pas très satisfaisantes, aussi le Gouvernement néo-zélandais, soucieux d’encourager une industrie qui paraît appelée à accroître la prospérité du pays, a-t-il décidé d’accorder une prime importante au constructeur de la meillleure machine et une autre à l’inventeur du procédé le plus économique pour blanchir le phormium tenax. Un de nos compatriotes a manifesté l’intention de concourir et annoncé l’envoi de ses plans. Je serais fort heureux si la prime était attribuée à un représentant de notre industrie.

En attendant le perfectionnement désiré, voici comment l’on procède dans la plupart des ( Flax mills )1 que j’ai eu l’occasion de visiter. Le phormium coupé est amené à l’usine et, tout vert, passe dans une décortiqueuse qui sépare la fibre de l’enveloppe. La fibre ainsi décortiquée tombe dans un réservoir où elle est lavée à grande eau courante; elle est ensuite mise a égoutter sur des madriers d’où on l’enlève au bout de vingtquatre heures pour l’étendre au soleil. On ne connaît pas encore d’autre procédé pour la blanchir. En été et quand le temps est-beau, dix jours suffisent pour mener l’opération à bien, à condition de la tourner et retourner fréquemment; en hiver ou par temps pluvieux, il faut, en moyenne, trois semaines pour arriver au même résultat.

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Quand la fibre est bien sèche, elle revient à l’usine où on la prépare de la façon suivante. Deux ou trois ouvriers, ou un plus grand nombre suivant l’importance de l’exploitation, la prennent par paquets qui, en cet état, ressemblent beaucoup à de l’étoupe grossière et la font passer par un tambour auquel un moteur à vapeur imprime un mouvement de rotation très rapide et qui est assez analogue à celui d’une batteuse à grains. Cette opération a pour but de la débarrasser de toute la paille des scories et matières inutilisables. Elle en ressort tout à fait souple. D’autres ouvriers, alors, la tordent en écheveaux et il ne reste plus qu’à la mettre en balles pour l’expédition, ce qui a lieu au moyen d’une presse à vapeur; les balles sont de 200 kilog. en moyenne.

On voit, de suite, ce qui est le plus défectueux dans le système actuel; le temps très long pour l’opération du blanchîment qui peut durer jusqu’à un mois ou cinq semaines quand il fait très mauvais.

Le grand desideratum de tous les préparateurs de phormium est donc un procédé chimique à bon marché qui permettrait de gagner beaucoup de temps et ferait réaliser, en outre, une très grande économie sur la main-d’œuvre. Le charroi, l’étendage et les diverses opérations accessoires exigent un nombreux personnel, ce qui. en raison des salaires fort élevés payés aux ouvriers en Nouvelle-Zélande, augmente, dans une proportion considérable, les frais généraux. On voudrait, en outre, des machines à décortiquer ne brisant pas la plante comme cela a lieu maintenant. On diminuerait, ainsi, le déchet actuellement beaucoup trop grand.

L’exposé ci-après des prix à payer aux ouvriers, étant donné la valeur du produit, montrera tout l’intérêt que les patrons de cette branche d’industrie auraient à restreindre leur personnel par l’emploi d’une machine perfectionnée et surtout, d’un procédé de blanchîment. On paye un ouvrier très ordinaire et les garçons de 15 à 17 ans 7 shellings (8 fr. 75) par jour, et de beaucoup, ce sont les moins nombreux; les coupeurs, batteurs, page 233
Black and white photograph of wool bales ready for transporation. New Zealand, c.1904.

L’industrie Lainière en Nouvelle-Zélande: Le Transport De La Laine d’une Exploitation Agricole a la Gare. Photographie de J. Martin, a Auckland.

page 234 page 235décortiqueurs, ont tous, au minimum, 10 shellings (12 fr. 50). L’usine ne peut marcher, aux termes de la loi, que 9 heures par jour (de 7 h. à midi et de 1 h. à 5 h ) du lundi au vendredi, et, le samedi, il faut éteindre les feux à 1 heure. Si l’on considère que la fibre qui, aujourd’hui, vaut un peu plus cher par suite de circonstances particulières, n’a été payée, en moyenne, ces dernières années, aux producteurs que 15 livres la tonne, on se persuade aisément que les bénéfices ne sont pas gros et que les perfectionnements réclamés sont indispensables pour donner à cette industrie le développement qu’elle mérite.

Le phormium tenax, nous l’avons dit, a une grande analogie avec la manille; en fait, ce sont les cours de cette fibre qui règlent ceux du phormium sur le marché de Londres. La guerre des Philippines, qui a causé l’abandon de la culture de la manille sur beaucoup de points, et aussi l’expulsion par les insurgés, dans certaines localités, des coolies chinois employés, presque exclusivement, à cette culture, a restreint considérablement la production et amené une hausse de prix, dont le contre coup s’est immédiatement fait sentir sur le cours de la « flax ». Elle vaut, actuellement, de 19 à 21 livres sterling la tonne, qualité moyenne, et l’on s’attend à une très forte hausse si la découverte par un ingénieur japonais, annoncée dans la presse d’Australasie, d’un mode de préparation de phormium permettant de l’employer dans le tissage des soies à bon marché, entrait dans le domaine de la pratique.

On trouve sur le marché trois qualités de chanvre de Nouvelle-Zélande. La première, qui ressemble le plus à la manille, serait utilisée surtout, m’affirme-t-on, pour être mélangée à la fibre des Philippines; outre cet emploi un peu étranger à la stricte probité commerciale, on l’utilise aux mêmes fins que le chanvre d’Europe, principalement pour les cordages de navire et la ficelle fine. La qualité moyenne sert, aussi, à ces deux usages mais pour les sortes un peu moins bonnes. La troisième, enfin, est employée pour la corde ordinaire, les licols, ficelles à bon marché, etc, etc.

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La Nouvelle-Zélande a exporté, l’an dernier, environ 7000 tonnes de chanvre indigène, et l’on s’attend à une augmentation sensible pour l’année courante. II n’en a pas été envoyé directement en France jusqu’à ce jour, à ma connaissance du moins, tous les ordres pour l’Europe passant par Londres. Le consulat indiquera volontiers aux marchands de cordages français, qui désireraient traiter sans intermédiaires avec cette colonie, une maison des plus honorables disposée à envoyer du phormium sur le marché français. Un de nos compatriotes, propriétaire de deux usines, serait même préparé, si je suis bien informé, à passer des traités pour deux ou trois ans, s’il était assuré d’un prix suffisamment rémunérateur pour s’engager durant cette période.

1 Usines à préparer le phormium. — Flax est le nom vulgaire de cette plante dans la colonie.

Le Marché des Laines en Nouvelle-Zélande

Vellington, 27 septembre 1900…. La-saison des laines en Nouvelle-Zélande dure, généralement, trois à quatre mois, l’été, de novembre à fin février; en dehors de cette période, il ne se traite que peu ou point d’affaires, sauf pour les laines provenant des animaux de boucherie (celles-ci se vendent toute l’année, mais elles représentent à peine le vingtième de la production totale). On peut donc dire qu’à l’époque de l’année où nous nous trouvons, il n’y a pas de marché.

Force est, pour le moment, de s’en référer aux prix obtenus lors de la campagne 1899-1900, pouvant être considérée comme terminée en juin, époque à laquelle ont été vendues sur le marché de Londres les dernières balles de la saison, expédiées fin avril de la Nouvelle-Zélande. II est à noter que le marché londonien est le grand régulateur des cours dans la colonie, d’abord parce que la presque totalité des laines envoyées d’ici vont directement en Angleterre, et ensuite par ce fait qu’en dehors des manufactures de la colonie dont les achats sont peu importants, eu égard à la production du pays, il n’est fait qu’un petit nombre d’acquisitions directes sur place.

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Black and white photograph of recently shorn sheep, New Zealand, c.1904.

L’élevage du Mouton en Nouvelle-Zélande. Tondeurs au Travail, — Photographie de J. Martin, a Auckland

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Aussi les cours locaux suivent absolument les fluctuations du marché de Londres, dont la cote est télégraphiée, trois fois par semaine, durant la saison, aux principaux courtiers néozélandais par leurs correspondants en Angleterre.

L’exportation totale de la laine sur le marché européen, pendant le dernier exercice, a été de plus de 400 000 balles, exactement 421 426: chaque balle de 300 livres anglaises environ, ce qui représente de 55 à 60 millions de kilogrammes.

Trois espèces de laine proviennent de la Nouvelle-Zélande: la laine en suint, la laine lavée, enfin une troisième catégorie, lavée simplement à l’eau, obtenue, presque toute celle-là, de la dépouille des moutons tués pour la boucherie. La valeur de cette dernière est généralement juste intermédiaire entre les deux autres, c’est-à-dire que si la laine en suint vaut, par exemple, 6 pence la livre et la laine lavée 1 shilling, elle sera cotée 9 pence. D’ailleurs, la valeur qu’elle représente est minime, — nous l’avons dit plus haut, — proportionnellement à l’ensemble des laines exportées.

La première catégorie (laines en suint), qui figure à elle seule pour les trois-quarts dans l’exportation totale, se divise en deux qualités: l’ordinaire et la fine. Les cours de l’une ont oscillé, l’an dernier, de 5 pence 1/2 à 7 pence (0 fr. 55 à 0 fr. 70) la livre1, tandis que la fine était cotée de 7 pence 1/2 (0 fr. 75) à 1 sh. 3( l fr. 55). Les plus hauts paraissent avoir été atteints, fin novembre 1899, au début de la saison qui s’annonçait sous les plus brillants auspices; mais, presque aussitôt, la baisse se produisait et s’accentuait progressivement, pour la première qualité surtout, tombant aux prix les plus bas à la clôture de l’exercice; 0 fr. 80 de baisse, sur une livre de laine cotée 1 fr. 55, constitue un des écarts les plus considérables qui se soient produits depuis des années.

Le trouble profond, apporté sur les marchés de laine du monde entier par ce qui vient de se passer à Roubaix et à

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Tourcoing, faisait appréhender des cours désastreux pour la campagne qui va s’ouvrir, ici, en novembre. Toutefois, les producteurs et intermédiaires semblent un peu plus rassurés maintenant, et, d’après les derniers télégrammes d’Europe représentant les choses comme en bonne voie d’arrangement, on espère que les prix de l’an dernier pourront être à peu près maintenus durant l’exercice prochain. On n’a pas été d’ailleurs très surpris de la crise récente sur nos grandes places manufacturières du Nord, les achats considérables effectués par certain syndicat en Australie, depuis un an, et qui avaient amené une hausse considérable, faisant prévoir qu’il serait difficile, pour ne pas dire impossible, d’écouler normalement cet énorme stock. L’accumulation de la matière première produirait fatalement, tôt ou tard, pensait-on, un effondrement des cours.

Tout en ayant moins de craintes qu’il y a quinze jours, on n’en attend pas moins ici, avec une curiosité. tant soit peu anxieuse, l’ouverture du-marché des laines à Londres, vers le milieu d’octobre, ces cours obtenus devant régler ceux de la colonie dont les premières ventes publiques auront lieu, en novembre, à Christchurch, le principal marché lainier de la Nouvelle-Zélande.

La plus belle laine (mérinos), dont la plus grande partie provient de l’île du Sud, est expédiée en suint. De cette espèce, on ne lave que la laine dite cassée, c’est-à-dire se séparant à l’opération de la tonte, ou celle des animaux qui la perdaient avant d’être livrés au tondeur. Les moutons malades, par suite d’insuffisance de nourriture dans les hivers trop rigoureux, offrent seuls cet inconvénient. La laine, dite ordinaire, est fournie, d’habitude, par d’autres espèces, telles que les « Lincoln » et les « Leiccster »; elle est presque toujours lavée, après la tonte s’entend, car on paraît avoir renoncé tout à fait, en ce pays, au lavage des laines à dos. Les moutons de Nouvellezélande sont, en général, fort beaux; ils descendent, sans exception, d’animaux de prix et soumis à une sélection judicieuse. Trouvant presque partout de bons pâturages, ils réus-page 241sissent bien. D’ailleurs, les éleveurs n’hésitent pas à faire venir souvent d’Europe, à très grands frais, des reproducteurs de choix, pour empêcher la race de s’abâtardir.

Au point de vue de la qualité de la laine, les « mérinos » sont les plus estimés; viennent ensuite les « Romney Marsh », les « Southdown », les Leicester » et les « Lincoln ». Mais les races à laine longue rendent beaucoup (certaines toisons donnant jusqu’à trente livres) et, pour ce motif, sont très recherchées; on les estime aussi pour leur rendement en viande. D’une façon générale, la tendance actuelle est à l’élevage du mouton qui donne à la fois laine et viande et, cela surtout, en raison de l’augmentation toujours croissante de l’industrie des viandes congelées.

1 La livre anglaise de 454 grammes.