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The Pamphlet Collection of Sir Robert Stout: Volume 85

Physiologie Comparée

Physiologie Comparée.

Si nous comparons les sociétés les unes aux autres et que nous étudions les fonctions sociales d'une manière générale et indépendamment des organes qu'elles animent, nous voyons que la marche de l'organisation est la même en Sociologie qu'en Biologie. Chez les sociétés inférieures comme chez les êtres inférieurs, les individus se ressemblent tous, vivent d'une vie indépendante et satisfont eux-mêmes leurs besoins vitaux. Une tribu sauvage, comme celle des Mencopies par exemple, est composée de vingt à quatrevingts individus dont chacun est son propre agriculteur, son propre industriel, son propre éducateur, son propre gouverneur, de même que dans un zoophyte chaque cellule aies propriétés de locomotion, nutrition, reproduction et innervation. Les fonctions sociales sont diffuses dans les sociétés primitives comme dans les premiers organismes. L'agriculture, le commerce, l'industrie, le gouvernement fonctionnent, bien qu'il n'y ait point d'appareil spécial à chacune do ces fondions.

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Les fonctions étant communes à tous les individus sont nécessairement très-peu développées.

De pareils organismes sont divisibles. Chaque partie séparée du tout primitif n'en continue pas moins à vivre, car elle a encore en elle les conditions nécessaires au mouvement avil.

Dans ces organismes, la circulation est nulle et les produits sont consommés sur place. Ces produits ne diffèrent que très-peu de la matière première, de même que chez les animaux inférieurs le milieu intérieur diffère très-peu du milieu externe.

Tel est le premier terme de l'organisation des étres et des sociétés.

Si nous passons de ces sociétés primitives à des sociétés plus élevées dans la série sociale, nous voyons les individus différer les uns des autres et les fonctions sociales se localiser et devenir l'apanage d'organes qui leur sont exclusivement consacrés. Si l'on considère la société des castors par exemple, on voit qu'elle comprend quatre sortes de professions : charpentiers, maçons, pionniers et veilleurs.

Dans des sociétés comme celle des fourmis et des abeilles, certains individus travaillent, d'autres sont chargés do reproduire la société comme la reine dos abeilles, d'autres font le guet, d'autres sont guerriers de profession comme chez les fourmis.

A mesure que nous nous élevons sur l'échelle sociale, nous voyons le nombre des professions augmenter avec la spécialisation et la division du travail. Enfin nous arrivons aux sociétés humaines supérieures, chez lesquelles nous trouvons les grandes fonctions sociales subdivisées en une infinité de professions dont l'énumération se trouve dans le Botin et qui forment un total dé plus de dix-huit cents.

Dans nos sociétés européennes, la vie d'un organe est dépendante de la vie d'un autre organe. Les professions sont d'autant plus subordonnées les unes aux autres qu'elles se ressemblent moins. Les organes sont unis pour concourir à un résultat unique, et si l'un d'eux fait défaut le but ne peut plus être atteint et l'organisme meurt.

On ne peut enlever une partie du corps sans faire cesser les conditions propres à l'accomplissement des mouvements vitaux qui, pour exister, exigent le concours de l'ensemble des orgaues. Dans un pareil organisme, les produits consommables diffèrent notablement des matières premières (grâce au développement de industrie) et doivent circuler (grâce au commerce) afin de pouvoir être absorbés par tous les individus du corps social.

Ainsi,à mesure que les sociétés et les éires s'organisent, les page 21 mouvements vitaux, indépendants chez les organismes inférieurs, deviennent de plus en plus solidaires. L'individualisme fait place au socialisme.

Ainsi les lois qui président à l'organisation des êtres s'appliquent à l'organisation sociale.

En Sociologie comme on Biologie, a l'énergie vitale, au lieu de s'obtenir par l'accumulation d'organes indépendants, s'acquiert par la division du travail physiologique.... La puissance vitale, au lieu de s'acquérir par l'accumulation d'organes spéciaux, sobtient par la hiérarchie et la centralisation des fonctions.» (Milne Edwards.)

La loi des corrélations organiques, celle de la subordination des organes, les lois (le compensation, décroissance, de balancement des organes s'appliquent au développement des sociétés. Il en est de méme de la loi d'harmonie des fonctions.

Ce qui fait, suivant nous, que les sociétés actuelles sont difficiles à étudier, c'est qu'elles ont une organisation rudimentaire comparable à celle des êtres inférieurs. En effet, il n'y a de véritablement organisé dans nos sociétés supérieures que le gouvernement, les voies de communication et les moyens de transport. L'agriculture, l'industrie et le commerce ne sont pas encore organisés. Toutefois les grandes compagnies agricoles, industrielles et commerciales commencent à apparaître et marquent la transition entre l'individualisme représenté par la libre concurrence et le socialisme représenté par l'état.