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The Pamphlet Collection of Sir Robert Stout: Volume 28

VII

VII

Je crois que personne ne contestera les bienfaits de l'épargne. On a prétendu longtemps que pour l'ouvrier elle est impossible. Oui, pour l'ouvrier adulte et inculte, l'épargne est impossible, mais l'impossibilité gît dans ses mauvaises habitudes; disons-le, dans ses vices. Bien des patrons ont essayé d'introduire l'épargne parmi leurs ouvriers, ils ont échoué. De là les plaintes que l'on entend partout contre les travailleurs : ils sont incorrigibles, dit-on, ils sont ingrats; ils ne comprennent pas m≖me le bien qu'on veut leur faire; il n'y a qu'à les abandonner à leur destinée. L'expérience qui se fait dans nos écoles est une réponse à ces plaintes. Que les fabricants me permettent de le leur dire : ils s'y sont mal pris. L'épargne n'existe, elle n'est bienfaisante que lorsque l'ouvrier la fait par sentiment du devoir. Or, pour que l'homme ait la conscience de son devoir, il faut que son intelligence ait reçu un certain développement : une con-science non éclairée est muette. L'ouvrier inculte ne comprend pas qu'il ait des devoirs à remplir; comment donc épargnerait-il par devoir? Si le malheureux est ingrat, aveugle, c'est à son ignorance qu'il faut s'en prendre. Il faut donc commencer par lui donner l'instruction et l'éducation. Voilà pourquoi on a introduit l'épargne dans les écoles de Gand. Le succès a été complet. Au Ier juillet 1871, il y avait dans nos écoles 13,330 élèves, y compris 2,659 enfants fré- page 23 quentant les écoles gardiennes; et le nombre des livrets s'élevait à 8,408. Le mouvement de l'épargne va toujours croissant. Pendant le premier semestre de l'année 1871, le nombre des nouveaux livrets a été de 1,262. Il y a encore 4,922 élèves qui n'ont pas de livret; mais il faut en déduire un millierd' enfants trop jeunes pour qu'ils puissent apporter un centime à l'école. Et il faut tenir compte de la résistance que l'on trouve toujours chez les ouvriers adultes; 728 sur 1,242 n'ont pas de livret; tandis que dans les écoles communales il n'y a que 741 garçons sur 3,787 élèves qui n'en ont pas. A l'école n° I (celle de Me Bogaerts), il n'y a que 21 élèves sur 376 qui n'ont pas de livret. Si tous n'épargnent point, c'est qu'il y a des parents récalcitrants; dans l'origine, il y en avait beaucoup, le nombre diminue; bientÔt il n'y en aura plus, quand la jeune génération, élevée dans les idées d'épargne, aura grandi.

Je puis donc assurer, avec pleine confiance, qu'un jour tout enfant de nos écoles aura un livret à la Caisse d'épargne. Et ce qui se fait à Gand peut et doit se faire ailleurs. Déjà l'épargne est introduite à l'école, dans presque toutes nos grandes villes; elle se répand dans les campagnes. C'est le premier pas fait dans la révolution qui est appelée à transformer les classes ouvrières. Il y a encore beaucoup à faire, il y a encore bien des obstacles à surmonter; je vais vous les signaler, car c'est avec votre aide, mes amis, que nous les vaincrons.