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La Nouvelle-Zélande

Le Marché des Laines en Nouvelle-Zélande

Le Marché des Laines en Nouvelle-Zélande

Vellington, 27 septembre 1900…. La-saison des laines en Nouvelle-Zélande dure, généralement, trois à quatre mois, l’été, de novembre à fin février; en dehors de cette période, il ne se traite que peu ou point d’affaires, sauf pour les laines provenant des animaux de boucherie (celles-ci se vendent toute l’année, mais elles représentent à peine le vingtième de la production totale). On peut donc dire qu’à l’époque de l’année où nous nous trouvons, il n’y a pas de marché.

Force est, pour le moment, de s’en référer aux prix obtenus lors de la campagne 1899-1900, pouvant être considérée comme terminée en juin, époque à laquelle ont été vendues sur le marché de Londres les dernières balles de la saison, expédiées fin avril de la Nouvelle-Zélande. II est à noter que le marché londonien est le grand régulateur des cours dans la colonie, d’abord parce que la presque totalité des laines envoyées d’ici vont directement en Angleterre, et ensuite par ce fait qu’en dehors des manufactures de la colonie dont les achats sont peu importants, eu égard à la production du pays, il n’est fait qu’un petit nombre d’acquisitions directes sur place.

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Black and white photograph of recently shorn sheep, New Zealand, c.1904.

L’élevage du Mouton en Nouvelle-Zélande. Tondeurs au Travail, — Photographie de J. Martin, a Auckland

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Aussi les cours locaux suivent absolument les fluctuations du marché de Londres, dont la cote est télégraphiée, trois fois par semaine, durant la saison, aux principaux courtiers néozélandais par leurs correspondants en Angleterre.

L’exportation totale de la laine sur le marché européen, pendant le dernier exercice, a été de plus de 400 000 balles, exactement 421 426: chaque balle de 300 livres anglaises environ, ce qui représente de 55 à 60 millions de kilogrammes.

Trois espèces de laine proviennent de la Nouvelle-Zélande: la laine en suint, la laine lavée, enfin une troisième catégorie, lavée simplement à l’eau, obtenue, presque toute celle-là, de la dépouille des moutons tués pour la boucherie. La valeur de cette dernière est généralement juste intermédiaire entre les deux autres, c’est-à-dire que si la laine en suint vaut, par exemple, 6 pence la livre et la laine lavée 1 shilling, elle sera cotée 9 pence. D’ailleurs, la valeur qu’elle représente est minime, — nous l’avons dit plus haut, — proportionnellement à l’ensemble des laines exportées.

La première catégorie (laines en suint), qui figure à elle seule pour les trois-quarts dans l’exportation totale, se divise en deux qualités: l’ordinaire et la fine. Les cours de l’une ont oscillé, l’an dernier, de 5 pence 1/2 à 7 pence (0 fr. 55 à 0 fr. 70) la livre1, tandis que la fine était cotée de 7 pence 1/2 (0 fr. 75) à 1 sh. 3( l fr. 55). Les plus hauts paraissent avoir été atteints, fin novembre 1899, au début de la saison qui s’annonçait sous les plus brillants auspices; mais, presque aussitôt, la baisse se produisait et s’accentuait progressivement, pour la première qualité surtout, tombant aux prix les plus bas à la clôture de l’exercice; 0 fr. 80 de baisse, sur une livre de laine cotée 1 fr. 55, constitue un des écarts les plus considérables qui se soient produits depuis des années.

Le trouble profond, apporté sur les marchés de laine du monde entier par ce qui vient de se passer à Roubaix et à

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Tourcoing, faisait appréhender des cours désastreux pour la campagne qui va s’ouvrir, ici, en novembre. Toutefois, les producteurs et intermédiaires semblent un peu plus rassurés maintenant, et, d’après les derniers télégrammes d’Europe représentant les choses comme en bonne voie d’arrangement, on espère que les prix de l’an dernier pourront être à peu près maintenus durant l’exercice prochain. On n’a pas été d’ailleurs très surpris de la crise récente sur nos grandes places manufacturières du Nord, les achats considérables effectués par certain syndicat en Australie, depuis un an, et qui avaient amené une hausse considérable, faisant prévoir qu’il serait difficile, pour ne pas dire impossible, d’écouler normalement cet énorme stock. L’accumulation de la matière première produirait fatalement, tôt ou tard, pensait-on, un effondrement des cours.

Tout en ayant moins de craintes qu’il y a quinze jours, on n’en attend pas moins ici, avec une curiosité. tant soit peu anxieuse, l’ouverture du-marché des laines à Londres, vers le milieu d’octobre, ces cours obtenus devant régler ceux de la colonie dont les premières ventes publiques auront lieu, en novembre, à Christchurch, le principal marché lainier de la Nouvelle-Zélande.

La plus belle laine (mérinos), dont la plus grande partie provient de l’île du Sud, est expédiée en suint. De cette espèce, on ne lave que la laine dite cassée, c’est-à-dire se séparant à l’opération de la tonte, ou celle des animaux qui la perdaient avant d’être livrés au tondeur. Les moutons malades, par suite d’insuffisance de nourriture dans les hivers trop rigoureux, offrent seuls cet inconvénient. La laine, dite ordinaire, est fournie, d’habitude, par d’autres espèces, telles que les « Lincoln » et les « Leiccster »; elle est presque toujours lavée, après la tonte s’entend, car on paraît avoir renoncé tout à fait, en ce pays, au lavage des laines à dos. Les moutons de Nouvellezélande sont, en général, fort beaux; ils descendent, sans exception, d’animaux de prix et soumis à une sélection judicieuse. Trouvant presque partout de bons pâturages, ils réus-page 241sissent bien. D’ailleurs, les éleveurs n’hésitent pas à faire venir souvent d’Europe, à très grands frais, des reproducteurs de choix, pour empêcher la race de s’abâtardir.

Au point de vue de la qualité de la laine, les « mérinos » sont les plus estimés; viennent ensuite les « Romney Marsh », les « Southdown », les Leicester » et les « Lincoln ». Mais les races à laine longue rendent beaucoup (certaines toisons donnant jusqu’à trente livres) et, pour ce motif, sont très recherchées; on les estime aussi pour leur rendement en viande. D’une façon générale, la tendance actuelle est à l’élevage du mouton qui donne à la fois laine et viande et, cela surtout, en raison de l’augmentation toujours croissante de l’industrie des viandes congelées.

1 La livre anglaise de 454 grammes.